Analyse technique et esthétique

Brève analyse technique et esthétique de l'enregistrement d'Atelier II.

    Afin de faciliter le travail du contrebassiste niçois qui a repris cette pièce, j’ai donc réalisé un enregistrement studio au sein du conservatoire d’Aubervilliers, toujours avec Jeanne. Cela était nécessaire en raison de ma partition assez imprécise. J’ai choisi d’utiliser deux microphones omnidirectionnels placés selon un angle de 90°. Cela m’a permis de capter à la fois une certaine sensation d’espace et les fréquences basses de la contrebasse, tout en gardant une certaine précision sur les attaques. Les microphones étaient assez proches de la contrebassiste et le studio assez petit. L’enjeu était également d’éviter les repiques de l’électronique qui sortait des haut-parleurs. J’ai décidé de projeter l’électronique sur haut-parleurs lors de cet enregistrement non seulement pour aider la contrebassiste à se plonger dans l’espace proposé par la bande et être libérée des contraintes d’un casque sur les oreilles (notamment dans la première partie de la pièce), mais également pour avoir une chance de retrouver une sensation d’espace dans la partie électronique. Il était tout de même prévu que je re-simule l’électronique au mixage. 

    Dans la première partie de cette pièce, on entend une partie électronique collée aux enceintes et une contrebasse un peu derrière qui les place dans deux espaces légèrement différents. L’homogénéité est tout de même au rendez-vous puisque les sonorités des deux parties sont très proches. Cela participe à la confusion entre les sources sonores et va ainsi dans le sens de mon écriture des interactions entre électronique et instrument. 

    On sent tout de même que l’électronique évolue dans un espace très proche et surtout virtuel : on entend le déplacement de certains sons, ainsi que leur polarisation, mais toujours au premier plan. Cela peut paraître oppressant à l’écoute et masque quelque peu la contrebasse. D’un autre côté, cette absence de profondeur et cette exagération de la polarisation gauche/droite rendent les sons de contrebasse fixés sur support non naturels car impossibles à jouer tels quels par un.e instrumentiste, et les distinguent ainsi du jeu de la contrebassiste.

    Les rôles s’échangent dans la deuxième partie : on entend la contrebasse acoustique au premier plan, et l’électronique derrière, ce qui correspond parfaitement à mon écriture, étant donné que l’électronique est pensée ici comme un simple accompagnement de la partie instrumentale.

    Quant à la troisième partie, la contrebasse est peut-être trop mise en avant. Une fois encore, c’est elle qui prédomine ici : elle donne les impulsions à l’électronique qui lui répond ensuite. Seulement, cela est ici un peu exagéré : l’électronique ne semble pas assumée et n’a pas l’occasion de se développer réellement. Cela empêche la bonne compréhension de l’écriture musicale et l’on perd la direction de cette partie qui paraît très statique et sans relief.

    D’un point de vue général, on entend dans cet enregistrement beaucoup de basses et une réverbération artificielle, qui a été ajoutée sur le master afin d’homogénéiser l’espace des deux parties. Ces deux points pourraient être plus soignés. 

    Par ailleurs, cet enregistrement a un réel problème de conception des plans sonores : les espaces sont très changeants mais ne servent pas forcément l’écriture musicale. Cela entraîne un résultat flou et sans vraie direction musicale. 


Extrait audio de la première partie d'Atelier II

Extrait audio de la troisième partie d'Atelier II

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