Du concert à l'enregistrement

Qu'engendre le passage du concert à l'enregistrement dans l'écoute musicale ?

    La musique fut longtemps un art éphémère qui disparaissait dès le concert terminé. Seul le souvenir qui nous restait de celui-ci persistait. On est d’ailleurs souvent plus marqué par le souvenir que l’on a de la musique que par la musique en elle-même, le souvenir que l'on a d’une musique étant le résultat de ce que l’on a projeté sur celle-ci. C’est là qu’intervient l’enregistrement. 

    Aujourd’hui, l’enregistrement permet d’une part de ré-entendre la musique après le concert, c’est-à-dire de ré-activer un souvenir, et d’autre part, de faire entendre, c’est-à-dire d’écouter pour la première fois une pièce en version enregistrée. Certaines pièces existent d’ailleurs par le studio avant même d’exister par le concert. Il est fréquent d’entendre une version enregistrée avant d’entendre une version concert. Il arrive donc d’être surpris par une version de concert, quand on est habitué à entendre un enregistrement. 

    Du point de vue de l’ingénieur.e du son, l’exercice de prise de son et de mixage peut être appréhendé selon différentes approches, qui guident plus ou moins l’écoute du public. On peut observer des esthétiques de prise de son et de mixage très retouchées, où l’ingénieur.e du son cherche à ré-activer ou activer des souvenirs bien spécifiques chez l’auditeur ou l’auditrice, afin de le conduire dans son interprétation du discours musical, et d’autres qui veulent au contraire imposer le moins possible leur vision d’une pièce, et préfèrent laisser le public rechercher lui-même du sens dans une proposition musicale. Entre ces deux approches à l’opposé l’une de l'autre, il existe bien sûr tout un panel de démarches plus ou moins nuancées. 


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