Entre contraintes techniques et écriture musicale

Comment prendre en compte à la fois une écriture musicale et des contraintes techniques lors de la prise de son d'une pièce mixte ?

    Un silence, sans durée est une pièce pour chœur, ensemble orchestral et électronique composée par Jean-Yves Bernhard. Celle-ci fut jouée à la Cathédrale de Choisy-le-Roi, à l’Église Saint-Louis-en-l’Île à Paris et à l’Église de la Faisanderie à Villeneuve-le-Roi, respectivement les 6, 7 et 14 avril 2019. Il s’agit d’une commande de l’ADIAM 94 et de l’ensemble polyphonique de Choisy.

    Concernant le dispositif électronique, il s’agissait de déclencher des fichiers audio sur haut-parleurs. Pour cela, le compositeur avait prévu six haut-parleurs en couronne autour du chœur. Plus précisément, il y avait deux haut-parleurs à hauteur du chef et quatre autour du chœur. En plus de cette couronne, un totem sonore, composé de trois haut-parleurs superposés avec des angles décalés, était placé derrière le chef. 

    De ce totem, ne sort que la voix d’une poétesse. Il s’agissait, selon les termes du compositeur, d’affirmer la « présence fantomatique de la voix ». Ce totem était tourné vers le public pour assurer l’intelligibilité de la voix, tout en préservant les qualités de l’espace sonore. La réalité acoustique de ces lieux étant compliquée, les mouvements de la voix étaient assez difficiles à mettre en place, et le compositeur a dû prendre cela en compte à la fois dans la composition et dans son dispositif d'enregistrement. Il a mesuré les distances entre les différents haut-parleurs afin de calculer les retards et de synchroniser correctement les matières électroacoustiques les unes avec les autres. Il fallut également réaliser un ré-équilibrage des volumes propres à chacune des églises. Comme Jean-Yves Bernard le dit lui-même, « on ne contrôle pas l’acoustique d’un lieu, la partie électronique doit donc être adaptable ». Pour ce faire, il a réalisé un patch de projection des matières complètement modulable. « C’est l'acoustique du lieu qui fait vivre la matière, d’autant plus que les haut-parleurs ne sont pas autour du public : celui-ci reçoit donc le résultat de la matière et de sa projection dans la salle ». 

    En ce qui concerne la stratégie de prise de son et de mixage, il était primordial pour le compositeur de faire fusionner la chœur et l’électronique. Il savait qu’il fallait de toute façon devoir re-simuler les matières électroniques au montage, mais il était important également de rendre compte de l’espace de projection. 

    Afin de préparer le mixage, Jean-Yves Bernhard a réalisé un suivi des faders de volume en live : cela lui donne un indice des endroits qu’il peut retravailler pour rendre le mixage plus vivant. 

    Seuls les deux premiers concerts ont été enregistrés : le premier par la classe de technique du son du conservatoire, et le deuxième par le compositeur lui-même. 

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