Quelles sont les habitudes d'écoutes d'élèves en conservatoire ?
Quels genres d’auditeurs et auditrices peuvent être des élèves de conservatoire. Quelles sont les musiques écoutées ? Quels sont les supports et matériels utilisés ? Quelle place est faite à cette écoute, tant dans leur vie quotidienne que dans leur travail, qu’il soit un travail de composition ou d’interprétation ? Comment cela participe à leur pratique et à la formation de leur identité en tant que musicien·ne ?
J’ai mené cinq entretiens avec des élèves aux profils différents : tous et toutes ont eu une formation de musicien·nes interprètes en conservatoire, tous et toutes ont aussi une autre pratique musicale : improvisation, composition ou direction d’orchestre. Trois de ces élèves ont également eu une formation en techniques du son et en musique assistée par ordinateur.
Au-delà de la question des genres musicaux et répertoires écoutés, je souhaitais interroger la manière dont des musicien·nes en formation écoutent de la musique : quelles sont les différentes formes d’attention qui sont portées à la musique ? Comment le contexte d’écoute, le matériel ou encore les supports d’écoute peuvent-ils influencer ces types d’écoutes ? Y a-t-il des porosités entre ces différentes manières d’écouter la musique ? Quels sont les liens existants entre les pratiques et les écoutes ? Y-a-t-il des échanges entre pairs au sujet des musiques écoutées ?
Si chacun·e des cinq personnes interrogées a un profil qui lui est propre, certains types d’écoutes restent néanmoins communs.
Parmi ces différents types d’écoute on peut recenser :
Pour toutes ces personnes, les contraintes matérielles, tant en terme de matériel que de contextes d’écoute, influent aussi bien sur les contenus choisis que les types d’attention prêtés à la musique écoutée, ou encore le temps passé à écouter de la musique. Tous·tes regrettent notamment que le métro ne permette pas de confort d’écoute, ce qui influence le choix de musique à la faveur de genres musicaux traditionnellement très compressés au mastering, le bruit ambiant empêchant par exemple d’apprécier les dynamiques qui sont propres à la musique classique telle qu’elle est diffusée.
Par ailleurs, la majorité écoutent la musique au casque, y compris pour l'étudiant en cursus de direction d’orchestre, malgré sa conscience aiguë de l’importance de la spatialisation et du mouvement dans la musique symphonique, et des limites du casque dans ses capacités de restitution de cette dimension.
Il est également remarquable que le partage entre pairs, tant en terme de contenus que de discussions, reste quelque chose d’assez marginal pour toutes les personnes interrogées et lorsqu’il existe, a lieu majoritairement dans un contexte de travail.
On peut ainsi s'interroger sur les caractéristiques de l’enseignement artistique tel qu’il est transmis en conservatoire qui peuvent jouer un rôle dans la formation de ces habitudes et pratiques, et sur les liens qui peuvent exister entre ces habitudes et l'apprentissage musical.